Faites-vous la différence entre les notions de santé mentale et de troubles psychiques ?

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Pour bon nombre de personnes les deux notions se confondent. Elles décriraient alors un état psychologique dégradé ou affecté par des facteurs externes et des facteurs internes à l’individu, qui viendraient perturber l’ordre naturel d’un système de pensées, de fonctionnement et/ou de raisonnement, mettant en fragilité la personne dans ses équilibres de vie et de développement

Et pourtant ! Des différences existent !  

Intéressons-nous d’abord à quelques définitions : 

Le trouble psychique se caractérise par une ou plusieurs altérations de capacités qu’a un individu à maintenir son équilibre mental. Le trouble résulte d’un déséquilibre établi entre des facteurs individuels, socio-économiques ou environnementaux. Il va se manifester au travers d’affections (prenant des formes variées) qui vont impacter l’état de santé mentale. Il peut être manifeste sur une période de vie spécifique ou s’installer de manière durable ou définitive et entraîner des modifications dans les comportements, le rapport à la réalité, la gestion des émotions et s’accompagner de souffrances pour l’individu concerné.

 

La santé mentale, quant à elle, se définit selon l’OMS comme « un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».

En bref, quelques chiffres, il est bon à savoir que : 

        En France, 1 personne sur 5 est touchée chaque année par un trouble psychique, soit 13 millions de personnes (cf. « Santé mentale : faire face à la crise », Institut Montaigne, déc. 2020).

        100% de la population mondiale est concernée par la santé mentale ! Et oui, notre santé mentale est une composante essentielle de notre Santé. Nous pouvons donc affirmer qu’il n’y a pas de Santé sans santé mentale

Ainsi, il est indispensable pour chacun de prendre soin de nos équilibres psychiques afin de garantir la pérennité de ce capital en santé mentale, essentiel à notre « bien vivre » individuel et social.

L’entreprise et les employeurs publics comme privés sont-ils concernés par le sujet de la santé mentale ?

La santé mentale en environnement professionnel, résulte d’un équilibre entre les différentes ressources dont dispose ou pense pouvoir disposer un individu dans une situation de travail.

Ces ressources se situent à plusieurs échelles :

  • La première concerne ses ressources propres, c’est-à-dire le potentiel (bio-psycho-social) dont il dispose pour faire face aux situations de stress et/ou d’exigences pouvant être induites en situation de travail ;
  • La seconde concerne les ressources environnementales (les conditions de travail par exemple), les ressources fonctionnelles (poste/missions confiées), et managériales (pratiques & modes de management). Celles-ci peuvent soit apparaître comme des leviers positifs agissant en faveur de la santé mentale en emploi.
  • Enfin, les ressources organisationnelles qui trouvent leur essor dans les politiques internes des organisations, dans leurs dimensions culturelles & éthiques et qui engagent la structure. Cela peut s’illustrer notamment par les prises de décision, les prises de position dans les organisations, ainsi que par des combinaisons de facteurs influençant positivement ou négativement les dimensions de santé mentale des collaborateurs et collaboratrices qu’elle emploie.

Ces 3 niveaux de ressources constituent les capitaux Humains, Fonctionnels et Organisationnels sur lesquels il est indispensable d’agir pour œuvrer sur le sujet de la santé mentale, tout en considérant les facteurs externes qui « viennent faire pression » sur cet ensemble, à savoir :

  • Les facteurs individuels (liés à la personne elle-même, avec ses composantes spécifiques),
  • Les facteurs structurels, culturels et relatifs à la politique sociale et économique d’une organisation. L’entreprise hérite d’une histoire, s’inscrit dans des contextes « spécifiques », des marchés plus ou moins concurrentiels par exemple. Ses niveaux d’agilité, ses capacités d’action, ses contraintes, ses opportunités, sont autant d’éléments participant à cette « pression » plus ou moins favorable aux dimensions de santé mentale précédemment décrites.
  • Enfin, les contextes géopolitiques, sanitaires ou encore les facteurs économiques & sociaux dans lesquels s’inscrivent les organisations et l’ensemble des ressources qui la constituent. Bien que ces facteurs ne soient pas de « pleine maîtrise » pour les individus et la structure employeure, des leviers d’action existent.

Alors la réponse est bien « OUI » ! Les organisations et structures employeures, privées comme publiques ont cette responsabilité de préserver et garantir cette « bonne santé ». A ce sujet, la loi rappelle qu’il lui revient effectivement « de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs (Art. L4121-1 du Code du Travail) ».

Alors quels champs d’action pour ces employeurs ?

Il est donné à l’entreprise d’intervenir possiblement à 3 niveaux. Voici quelques pistes de réflexion pouvant conduire à la mise en œuvre de démarches préventives ou de prise en charge sur le sujet de la santé mentale au travail :

  • Actions de prévention primaire : L’organisation peut décider de mettre en place une démarche globale telle que celle visant l’amélioration de la Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT). Une telle ambition l’amènerait alors à penser une organisation favorable à l’essor de conditions et de facteurs d’équilibre positif pour les acteurs et actrices de l’organisation (tant sur les volets de l’environnement de travail, que celui des pratiques de management, ou encore des équilibres de vie professionnelle et de vie personnelle, ainsi que les habitudes de vie – cf. Norme BNS 9700-800).
  • Actions de prévention secondaire : Il peut alors s’agir de mettre en place un système de prévention des risques psycho-sociaux visant à traiter les situations de travail dégradées en vue trouver des solutions de rééquilibrage et de mieux-être au travail sur les volets individuels tout autant que collectifs et managériaux.
  • Enfin des actions de prévention tertiaire : ces dernières visent la prise en charge de problématiques individuelles ou collectives avérées qui ont porté atteinte à la Santé (physique et/ou psychologique) des personnes.

La préservation des équilibres en santé mentale : un enjeu de mieux être individuel et collectif

Ainsi, en prenant en compte, dans l’univers professionnel, le traitement et la prévention de la santé mentale, c’est sur l’ensemble du système du travail * que nous agissons de manière positive et vertueuse (* système structurel, organisationnel, fonctionnel, managérial, culturel, politique et de gouvernance).

… Car quelle richesse pourrait être plus importante à préserver que celle des ressources humaines au sein de nos organisations ? …

Pour aller plus loin :